Sommaire
- Définition
- Les 5 grandes étapes du commentaire
- Les erreurs à éviter
- La notation au Bac
- Pour analyser un poème
- Pour analyser un extrait de théâtre
Le commentaire au Bac :
Définition : le commentaire consiste à analyser un texte littéraire en lien avec un des objets d’étude de la classe de Première pour en dégager le sens suivant 2 ou 3 axes, en montrant comment l’écriture et les procédés utilisés servent le message ou la pensée de l’auteur. Il ne s’agit pas de raconter le texte, mais de l’expliquer et l’interpréter en mettant en évidence les liens qui unissent la forme et le sens.
NB : pour les bacs technologiques, les candidats sont guidés dans leur lecture puisque les axes sont donnés.
Comme la dissertation dont il reprend un certain nombre d’exigences, le commentaire consiste à présenter avec ordre et méthode un bilan personnel de lecture. Il y a donc dans tout commentaire une visée argumentative : le but étant de démontrer grâce à des notions spécifiques d’analyse littéraire structurées et organisées en idées principales (les « axes »), ce qui fait l’intérêt d’un texte. Un bon commentaire est d’abord basé sur l’analyse stylistique, c’est-à-dire qu’il doit être « au service de l’interprétation littéraire du texte, en s’attachant de prime abord aux modalités de l’écriture de l’œuvre, c’est-à-dire à la sélection des mots, des phrases, des postures énonciatives et des procédés rhétoriques au sens large, qui permettent aux auteurs de livrer leur vision du monde, de construire leur univers et de les faire partager au lecteur ». [Frédéric Calas, La Stylistique : Méthode et commentaires, Armand Colin « Cursus », Paris 2011. page 7.
Les 5 grandes étapes du commentaire…
1) Lecture et premier contact avec le texte
- Lisez le texte au moins deux fois.
- Repérez le genre (poésie, théâtre, roman, littérature d’idées) et essayez de situer le texte (époque, auteur, mouvement littéraire…).
- Notez vos premières impressions spontanées (ce qui vous a plu ou déplu, intrigué, quel est le ton, l’atmosphère, comment l’auteur s’y prend-il pour nous toucher, etc.).
Vous devez tout d’abord questionner le texte, c’est-à-dire formuler des hypothèses de lecture aptes à préparer l’interprétation du passage étudié. Un défaut de nombreux candidats tient au fait qu’ils vont trop vite : ils élaborent par exemple un plan dès le début, sans avoir tenu compte du texte ! Le premier travail doit donc correspondre à une véritable stratégie d’approche.
Commencez, si l’auteur ou l’œuvre vous sont connus, par définir leur environnement : un texte n’arrive jamais seul, il est influencé par un « contexte » littéraire, politique, social… La spécificité des mouvements culturels par exemple, la variété des enjeux sociétaux et des modes d’écriture obligent à une analyse fine et méthodique de l’environnement du texte, afin de bien le contextualiser et de formuler des hypothèses de lecture pertinentes : on n’analysera pas de la même façon un passage de La Boétie ou un poème de Rimbaud ! De même, bien qu’appartenant à une période historique contemporaine de la Révolution industrielle, les œuvres de Zola et de Mallarmé sont à problématiser différemment !
Vous devez donc exploiter vos connaissances : si vous devez par exemple rédiger le commentaire d’une œuvre que vous avez étudiée dans son intégralité, votre savoir peut être utile pour mettre en perspective le passage étudié avec d’autres aspects de l’œuvre. Mais attention cependant à utiliser vos connaissances avec discernement et retenue : rien ne serait pire qu’une introduction de commentaire dans laquelle le candidat se fourvoierait dans une espèce d’exposé explicatif sur l’auteur, sa vie, ses écrits, etc.
Checklist rapide : premier contact avec le texte
☐ J’ai noté mes impressions de lecture.
☐ J’ai identifié : auteur, titre, date, genre, mouvement.
☐ J’ai repéré quelques thèmes, la structure du passage, le ou les registres.
2) Vers l’étude plus approfondie du passage
- Cherchez le sens des mots inconnus (ou essayez de le deviner).
- Identifiez précisément l’organisation du texte : plan, mouvement, progression (changement de paragraphe, changement de strophes, connecteurs logiques…
- Repérez les procédés : figures de style, choix du lexique, rythme, types de phrases.
- Observez le point de vue, la situation d’énonciation, les dialogues, la tonalité.
- Observez les types de phrases (interrogatives, exclamatives…), l’emploi des temps et des modes verbaux…
Vous aurez aussi à vous interroger sur le genre, le type (dominante narrative, ou descriptive, etc.), afin d’utiliser un certain nombre d’outils spécifiques. Prenez l’exemple d’un texte narratif : il est évident que vous devrez mettre en valeur le déroulement chronologique, la position et le rôle des personnages, etc. alors qu’un texte descriptif vous amènera davantage à travailler sur les procédés énonciatifs, la position du narrateur, le point de vue (qui parle ? à qui ? la première personne est-elle dominante ?), les paroles rapportées, etc.
– Intéressez-vous particulièrement aux aspects stylistiques et rhétoriques dominants : l’étude de la tonalité, des registres par exemple est souvent oubliée, bien à tort, car elle permet d’étayer les analyses. Pensez aussi à travailler sur les modalités d’énonciation (déclarative, interrogative, exclamative, injonctive, etc.).
– Pensez à réinvestir vos connaissances sur les registres de langue, les effets de rythme, les modes verbaux (système des temps, etc.).
– Enfin, soyez attentif à la polysémie des mots, ainsi qu’aux connotations, essentielles pour appréhender le sens contextuel d’un terme. De même, l’étude des réseaux connotatifs éclaire en profondeur les valeurs d’un texte, et permet de dégager le ou les grands thèmes, c’est-à-dire les domaines abordés dans les textes. L’inventaire des thèmes du texte aboutit souvent à l’identification de la problématique.
Checklist rapide : repérages et analyse précise du passage
☐ J’ai dégagé les grandes lignes de signification du texte
☐ Je peux résumer l’extrait en 2-3 phrases.
☐ Je sais : Qui parle ? Á qui ? Où ? Quand ? Comment ? (Énonciation).
☐ J’ai relevé : Champs lexicaux ; registres de langue (soutenu, familier) ; temps verbaux ; quelques procédés grammaticaux
☐ J’ai relevé les procédés littéraires.
☐ J’ai interprété leur effet.
3) Recherche de la problématique (projet de lecture)
- Demandez-vous : « De quoi parle le texte ? » et « Comment en parle-t-il ? »
- Trouvez la question centrale à laquelle votre analyse répondra.
- Problématiser… Pensez toujours à dégager la problématique d’un texte. N’oubliez pas que le but n’est pas de « tout dire » sur un texte (ce qui d’ailleurs serait impossible) mais d’essayer de tout en dire selon un angle d’approche particulier qui va orienter votre travail d’analyse : c‘est la problématisation.
Toutes vos remarques doivent vous conduire progressivement à déchiffrer le sens du texte, c’est-à-dire à en repérer le problème posé (la question centrale). Pour ce faire, définissez d’abord ce qu’on pourrait appeler le critère d’intention de l’auteur : dites-vous toujours « De quoi veut-il parler ? » Travaillez sur les mots et leurs connotations afin de mettre en évidence la signification globale ainsi que les champs et réseaux sémantiques.
Dites-vous aussi : « Si je sais de quoi veut parler l’auteur, Comment en parle-t-il ? » Cela vous aidera à identifier la tonalité ainsi que les registres. Bien souvent, ce travail vous guidera dans la mise en valeur des rapports d’analogie ou d’opposition thématique à l’intérieur du texte : quels sont par exemple les thèmes en présence ? Vont-ils dans le même sens ou s’opposent-ils ?
Enfin, posez-vous la question du Pourquoi qui doit vous amener à expliciter le système de valeurs mis en place par le texte. La manière d’écrire (le « comment ») entre en effet toujours en relation avec l’intention de l’auteur (le « pourquoi »), elle-même liée à l’influence de l’époque : pensez à replacer le texte dans son contexte historique et culturel. Il s’agira donc ici de dépasser la thématique du passage pour l’inscrire dans un domaine plus large, apte à élucider la démarche de l’écrivain.
Checklist rapide : projet de lecture
☐ J’ai une idée de problématique (enjeux du texte).
☐ Je construis une lecture organisée du passage (recherche des axes).
4) Organisation et plan
Ce travail doit déboucher sur une série de « bilans » de lecture. Par exemple, vous allez noter l’opposition de deux thèmes, le travail sur la langue et les sonorités, la spécificité du texte par rapport à un mouvement littéraire, la prise de position développée par l’auteur quant à un problème, etc. Cela vous amènera à construire le plan de votre commentaire. Mettez en ordre toutes ces remarques en allant du moins important (l’organisation du texte, sa structure) au plus important (le traitement thématique dominant, le sens global). Vous pourrez alors organiser ces bilans (les petites déductions et les remarques) en quelques axes (les idées directrices : deux ou trois environ) qui permettront à votre lecteur de comprendre ce qui fait à vos yeux l’originalité du texte. Cela correspond à l’élaboration du PLAN.
- Regrouper vos idées en 2 ou 3 grands axes rendant compte des intérêts majeurs du texte.
- Chaque axe doit être ordonné et répondre à la problématique.
- Évitez un plan qui suit le texte ligne par ligne : regroupez par idées, et non par phrases.
Comme vous le voyez, si vous choisissez au Baccalauréat le commentaire, il est impératif de mettre la spécificité littéraire du texte au cœur de vos préoccupations : un texte littéraire obéit en effet à une démarche d’écriture dont doit rendre compte l’analyse stylistique et sémantique (le travail sur l’écriture et sa relation au sens). Vous n’êtes surtout pas là pour « raconter » le texte, ou « décrire » ce qui s’y passe, mais bien pour l’analyser à l’aide d’outils et de techniques. En poésie particulièrement, le travail sur la phonétique (la langue et les sonorités) est essentiel. Bien souvent, la réflexion sur la forme amène au sens : les reprises anaphoriques, les correspondances sonores sont autant de signes que vous devez interpréter. On pourrait en dire autant de la disposition typographique du texte : les modalités de la distribution des paragraphes, des strophes (ou leur absence !) requièrent votre attention.
5) Rédaction
L’introduction :
- Présentez rapidement le texte (auteur, œuvre, contexte, genre).
- Résumez l’extrait (en vous servant du paratexte)
- Formulez la problématique.
- Annoncez le plan.
- Tout d’abord, amenez rapidement le texte (genre auquel il appartient et sous-genre éventuellement [genre théâtral, sous-genre : comédie, tragédie, etc.], questionnement littéraire que pose ce genre). La date de parution du texte doit vous permettre de le replacer dans l’histoire des idées et des mouvements culturels, sans vous attarder pour autant sur des considérations trop générales. C’est à partir de là que vous pourrez situer le passage (résumez l’extrait en le situant par rapport à l’œuvre).
- Ensuite, vous devez problématiser le passage à commenter. « Problématiser » un texte signifie montrer en quoi le texte légitime un questionnement proposé à la réflexion, et rendant nécessaire le commentaire. La problématisation implique donc une mise en perspective critique, un projet de lecture. Conseil : Évitez à tout prix de réduire le projet de lecture à un banal questionnement qui n’amènerait à aucune réflexion, à aucun enjeu.
- L’annonce du plan. C’est évidemment une étape incontournable puisqu’il s’agit pour le candidat d’annoncer la manière dont il va étudier le texte. À ce titre, je vous recommande de ne pas rentrer dans le détail des analyses. Annoncez synthétiquement les grands axes de votre réflexion.
CONSEIL : L’introduction se pésente en un seul paragraphe. Elle ne doit pas comporter de longues phrases ET SURTOUT PAS D’EXEMPLES. De même, votre plan doit être un PLAN D’IDÉES et PAS un plan d’exemples. Il a pour but de présenter synthétiquement au lecteur les grandes lignes de votre démonstration.
EXEMPLE TYPE D’INTRODUCTION (très simple)
Le texte que nous allons étudier est un extrait de [titre de l’œuvre], écrit en [date] par [nom de l’auteur], un écrivain [si possible, préciser le siècle et le genre littéraire : poète du XIXe siècle / auteur de théâtre classique, etc.]. Dans ce passage, l’auteur évoque [préciser le thème général] à travers un registre [lyrique, comique, tragique, réaliste…]. Nous pouvons nous demander comment/en quoi… [Problématique]. Nous répondrons à cette question selon deux axes : [Plan]. Nous verrons d’abord [axe 1], puis nous nous intéresserons à [axe 2].
Exemple pratique :
[Entrée en matière] La Renaissance a profondément bouleversé la pensée européenne, redéfinissant la place de l’homme dans le monde, et ses rapports à la connaissance. [Contextualisation] C’est dans ce contexte qu’Étienne de La Boétie, humaniste et ami de Montaigne, rédige en 1574 le Discours de la servitude volontaire. [Caractérisation du passage] Le passage soumis à notre réflexion invite le lecteur à réfléchir à l’énigme de l’obéissance volontaire : pourquoi accepte-t-on de se soumettre ? Grâce à une argumentation à la fois vive et structurée, l’auteur met en lumière le paradoxe d’hommes nés libres mais acceptant la domination d’un seul. [Problématisation] Nous pouvons alors nous demander comment s’y prend La Boétie pour nous convaincre que la liberté, bien naturel et précieux, ne dépend que de la volonté des peuples. [Plan] Pour répondre à cette problématique, nous analyserons d’abord comment l’auteur dénonce les mécanismes de la servitude ainsi que les méfaits de la tyrannie, avant d’étudier la manière dont il exhorte ses lecteurs à reconquérir et préserver leur liberté.
Le développement :
- Les paragraphes du commentaire doivent être rédigés sur le même modèle que pour la dissertation, la structure doit être déductive. On énonce d’abord l’idée principale du paragraphe. On justifie cette idée par une analyse qui la développe et des exemples tirés du texte qui prouvent sa véracité. On conclut le paragraphe par une déduction.
- Comme son nom l’indique, le commentaire doit être « organisé », c’est-à-dire structuré selon une logique qui obéit à une visée démonstrative. Une présentation linéaire du commentaire qui ne serait dès lors plus « organisé » est donc à proscrire. Certes, il est tout à fait légitime d’adopter un plan qui suit les mouvements du texte : l’ordre des paragraphes ou le découpage des strophes (comme dans « Le dormeur du val » de Rimbaud par exemple) permet de suivre la progression de la pensée de l’auteur : un bon plan doit donc être fondé sur plusieurs axes allant vers la formulation des intentions de l’auteur, ou des effets produits sur le lecteur.
- Comme pour la dissertation, vous annoncerez d’abord l’idée principale que vous développerez en quelques lignes, si possible de façon conceptuelle et analytique. Puis vous illustrerez cette idée à l’aide d’exemples, étayés par des citations précises. Bien entendu, vos citations seront exactes, et toujours entre guillemets. Attention aussi à la façon dont vous les intégrerez à votre phrase. Les formules du genre : « je cite par exemple : »… » sont si maladroites qu’elles desservent évidemment les copies. Veillez aussi à faire des citations « intelligentes ». Certains candidats se contentent parfois d’indiquer les premiers mots d’un passage ainsi que les derniers, ce qui ne permet absolument pas d’en comprendre l’intérêt. Il vaut donc mieux, si le passage est long, ne citer que les mots ou expressions porteurs de sens, et mettant en valeur votre analyse.
La conclusion :
- Bilan clair répondant à la problématique.
- Résumer brièvement la réponse à la problématique.
- Reprendre les idées fortes de l’analyse sans répéter mot pour mot l’introduction.
- Ouverture vers un autre texte ou un enjeu plus large (facultative, mais valorisante si pertinente).
- Élargir vers un autre texte du même auteur, du même mouvement littéraire ou abordant le même thème.
-
Éviter les ouvertures vagues et sans lien direct avec le texte.
Comme l’introduction, la conclusion se présente sous la forme d’un seul paragraphe. Elle doit être brève et ne pas comporter d’exemple. Elle sera d’autant meilleure qu’elle répondra implicitement à la question : « D’où est-ce que je suis parti, pour parvenir où ? ». C’est la raison pour laquelle je vous conseille de rédiger votre conclusion dès que vous aurez terminé votre introduction, afin de bien mettre en valeur la cohérence de votre parcours démonstratif. Attention à ces conclusions indigentes qui répètent ce qui a déjà été annoncé dans l’introduction. On doit mesurer au contraire en vous lisant ce qui a justifié votre démarche analytique. Centrez vos remarques sur les aspects essentiels de l’analyse en veillant à aller toujours du particulier à l’interprétation textuelle globale.
Il vous sera ainsi possible de formuler un élargissement permettant de situer le texte dans une problématique littéraire plus vaste (réflexion sur l’évolution d’un genre, d’un mouvement culturel, d’un système de valeurs, etc.) ou de le mettre en perspective avec d’autres textes recourant à une expression similaire. Attention cependant aux prétendues « ouvertures », tellement larges et vagues, qu’elles se noient bien souvent dans des considérations dépourvues d’intérêt.
EXEMPLE TYPE DE CONCLUSION
Comme nous avons cherché à le montrer, ce texte illustre [reformulation de la problématique] grâce à [idées fortes/procédés majeurs]. Cette étude met donc en évidence [sens global/ effet sur le lecteur]. On retrouve ce [thème/procédé] dans [autre œuvre ou auteur], qui explore également [élément commun].
Exemple pratique :
[Bilan répondant à la problématique] Ainsi que nous avons essayé de l’expliquer, la liberté pour La Boétie n’est pas un privilège accordé par les puissants mais un droit naturel que chacun peut et doit choisir de défendre. Par la vivacité de la démonstration, la force des images et l’efficacité de son raisonnement, cette exhortation à la vertu met en évidence que la servitude ne perdure que par le consentement des peuples à leur propre soumission. [Ouverture] La portée révolutionnaire de cette réflexion, toujours actuelle, fait écho aux écrits de Rousseau dans Du contrat social, qui interroge pendant les Lumières le fondement du pouvoir politique et la manière dont les hommes doivent préserver leur liberté. Plus près de nous, des écrivains comme Georges Bernanos ou Albert Camus ont fait de l’éthique humaniste la clé d’une réflexion sur le sens et la valeur de la liberté dans les sociétés modernes.
Les erreurs à éviter lors de la rédaction du commentaire
- Faire de la paraphrase (répéter le texte sans l’analyser).
- Donner des connaissances hors sujet (vie de l’auteur, contexte trop long).
- Utiliser des citations sans les analyser.
- Plan linéaire qui suit le texte.
- Oublier de répondre à la problématique.
Normalement, si vous avez effectué sérieusement ce travail, vous échapperez sans difficulté à la paraphrase. La paraphrase consiste à répéter plus ou moins le contenu du texte. Exemple de paraphrase de l’extrait suivant (tiré des Confessions de Rousseau) : « Je rougis en pensant aux choses qu’il faut que je dise. » « Rousseau dit qu’il rougit en pensant aux aveux qu’il doit faire ». Une telle « explication », loin d’éclairer le sens du texte, ne fait que l’appauvrir. Elle n’est que redite là où on attend un déchiffrement.
De même, vous ne devez jamais séparer le fond de la forme : vous n’obtiendriez pas la moyenne ! Chaque fois que vous dégagez par exemple une idée, dites comment elle est exprimée, et montrez la relation d’analogie qui existe entre la forme et l’idée. Pareillement, lorsque vous remarquez un procédé stylistique (une métaphore, une hyperbole…), précisez quelle est sa fonction dans l’interprétation du sens. Comme il a été justement dit, « il est important de comprendre que l’analyse est amenée à dévoiler ce qui est fondamentalement lié. […] Chaque élément concourt à la signification de l’ensemble. Il faut mettre en relation les procédés relevés les uns avec les autres pour faire apparaître les enchaînements que le texte unit en profondeur. On ne traitera pas isolément les procédés en ne donnant que leur valeur en langue, mais on veillera à adapter leur analyse à la spécificité de l’extrait ». [Frédéric Calas, La Stylistique : Méthode et commentaires, Armand Colin « Cursus », Paris 2011. page 8. → Google-livres].
Soyez en outre attentif au fait que si vous devez exprimer votre point de vue sur le texte, vous ne devez pas sortir du cadre du texte. Bien entendu, comme je l’ai rappelé, vous pouvez vous servir de votre connaissance du cours, en portant votre attention sur les faits d’intertextualité, c’est-à-dire les relations qu’un texte entretient avec d’autres textes. Mais attention cependant : si les références littéraires sont importantes, il faut absolument éviter une explication qui serait « juxtalinéaire », à côté du texte. Vous devez centrer précisément votre étude sur le texte à commenter.
L’ERREUR MAJEURE À EVITER : LA TENDANCE À LA GÉNÉRALISATION. Vous vous trouvez par exemple devant un texte d’un auteur connu et vous cherchez à réutiliser vos connaissances… Le risque est de tomber dans les généralités en oubliant l’étude minutieuse du texte. Si vous sortez du cadre du texte, c’est-à-dire de « la logique interne de la construction du passage » [F. Calas, op. cit. p. 11], votre analyse est considérée comme hors sujet.
Checklist rapide avant de rendre la copie
☐ Mon introduction comporte obligatoirement : contextualisation + présentation et résumé du passage + problématique + plan.
☐ Chaque idée est illustrée par une citation courte qu’il faut analyser.
☐ J’ai expliqué le lien entre forme et sens.
☐ J’ai évité la paraphrase.
☐ J’ai présenté correctement ma copie (alinéas en début de paragraphes, saut de lignes (en général 2 lignes) après l’introduction, le développement et la conclusion. J’ai sauté 1 ligne entre les axes.
☐ J’ai vérifié la ponctuation, corrigé l’orthographe et la syntaxe.
La notation…
Ce qu’on attend dans un bon commentaire de texte :
- Une réflexion claire et organisée
- une interprétation cohérente du texte (idée principale = « projet de lecture »).
- Un devoir construit de façon logique
- Le propos progresse clairement (utilisation des connecteurs logiques)
- Une analyse du texte rigoureuse
- Repérage des procédés d’écriture (figures, temps verbaux, champs lexicaux, etc.).
- Vous expliquez les procédés d’écriture et quel effet ils produisent.
- Vous donnez votre point de vue sur l’écriture, mais avec sensibilité et nuance.
- Une culture littéraire au service de l’analyse
- Vous tenez compte du genre (roman, théâtre, poésie…).
- Vous essayez de situer le texte dans son époque ou mouvement littéraire.
- Vous cherchez à faire un lien avec un contexte artistique plus large (ex : époque, autres œuvres…).
- Une expression écrite soignée
- français clair et correct.
- vocabulaire adapté et précis.
- Relecture minutieuse afin d’éviter le plus possible les fautes d’orthographe.
Ce qui est particulièrement valorisé
- Les analyses sont fines et variées, vous ne vous contentez pas de relever des procédés sans les expliquer.
- Le cpmmentaire répond précisément à une problématique.
- Vous montrez une bonne culture littéraire, qui nourrit votre interprétation.
- Une expression précise et nuancée.
Ce qui est particulièrement pénalisé
- pas de vraie idée directrice (vous ne savez pas quoi dire du texte).
- Vous faites juste une liste de remarques sans liens entre elles (propos décousus)
- Vous faites des contresens (vous comprenez mal le texte).
- Vous n’analysez pas les procédés littéraires
- Vous ne mobilisez aucune culture littéraire pour éclairer le texte.
- L’expression est confuse, avec beaucoup de fautes ou de phrases trop longues.
Pour aller plus loin…
- La forme du poème
- Disposition sur la page : forme visuelle → lien avec le sens ?
- Forme fixe ? (sonnet, etc.)
- Rimes : plates (aa bb), embrassées (abba), croisées (abab) ?
- Mètre : alexandrin ? octosyllabe ? hétérométrique (vers libres) ?
- Rythme : césures, coupes, enjambements → effet de fluidité ou de surprise ?
- Mouvement littéraire ? (classicisme, romantisme, surréalisme…)
- Le sens du poème
- Énonciation : Qui parle ? (je, tu, il ?) / À qui ? / Où ? Quand ?
- Thèmes : amour, nature, ville, temps, engagement ?
- Registres :
- Lyrique : émotions, sentiments
- Élégiaque : mélancolie, deuil
- Satirique / Burlesque : moquerie
- Engagé : message, appel à l’action
- Épique / Didactique : grandeur / transmission / réflexion sur la poésie
- La musicalité et le style
- Échos sonores : quelles rimes ou correspondances sonores sont mises en valeur ?
- Allitérations / assonances → effet produit ?
- Harmonie imitative : les sons imitent-ils une sensation ?
- Vers libres / poème en prose :
- Rimes internes ?
- Parallélismes ? Alexandrins cachés ?
- Images et jeux de langage
- Figures de style : métaphore, comparaison, personnification…
- Ambiance créée : couleurs, sons, sensations ?
- Polysémie : mots à double sens ?
- Réflexion sur la poésie ? (comme dans le poème de Rimbaud : « Ma Bohême »
Analyser un extrait de théâtre
- Identifier la scène :
- Où se situe-t-elle dans la pièce ? Exposition ? Conflit central ? Dénouement ?
- Fonction dramatique ? Fait avancer l’action ? Révèle un personnage ? Quiproquo ? Tension ?
- Type de texte ? Vers / Prose ? Nombre de personnages ?
- Forme des répliques ?
- Monologue → informatif, lyrique, ou délibératif (le personnage s’interroge sur la conduite à tenir) ?
- Dialogue → conflit ? amour ? débat ?
- Stichomythie = échanges très rapides.
- Situer le genre
- Tragédie
- Thèmes : fatalité, passions destructrices
- Vise : crainte, pitié, compassion
- Registre : pathétique, tragique
- Comédie
- Thèmes : mariage, tromperie, travestissement
- Personnages-types : valet rusé, vieux barbon, bourgeois naïf
- Types de comiques :
- de situation : quiproquos
- caractère : traits excessifs
- de gestes : coups, mimiques
- de mots : jeux de langage
⇒ faire rire, dénoncer les défauts humains à travers le rire
- Théâtre de l’Absurde : mouvement théâtral apparu après la Seconde Guerre mondiale avec des auteurs comme Ionesco ou Beckett. Il montre un monde dépourvu de sens où les personnages sont prisonniers de situations répétitives ou illogiques.
- Pas d’intrigue claire : répétitions, vide existentiel…
- Personnages vides, interchangeables, antihéros…
⇒ pièces d’un style radicalement nouveau, chargé de dérision, de satire, de provocation, et qui apportent au théâtre les ressources d’un langage volontairement subversif, apte à faire ressentir l’angoisse, la solitude et l’absurdité de la condition humaine.
- Étudier les personnages
- Posture / gestes / ton (didascalies)
- Rôle dans l’action : héros ? opposant ? adjuvant ?
- Langage → révèle leur caractère, leur statut social, leur vision ?
- Porte-t-il une idée de l’auteur ? (comme Arlequin dans l’Île des esclaves) : double énonciation
- Réfléchir à la mise en scène
- Gestes / déplacements déduits du dialogue
- Attitudes et réactions imaginées sur scène
- Impact sur le public : émotion ? réflexion ? critique sociale ?


le rouge car c’est une couleur emblématique de la Révolution : elle évoque l’engagement, le courage, et la justice. Le blanc, pour représenter la pureté de ses idéaux et la quête d’une société plus juste. Enfin, le noir, en écho à la tragédie de son exécution.

Hokusai, « La Grande Vague de Kanagawa », c. 1830.


BTS 2024 « Paris, ville capitale ? »
Selon ce que vous avez étudié, vous pouvez centrer sur certains épisodes importants de l’histoire de Paris : Révolution française (avec le tableau 


Crédit iconographique : © juillet 2023, Bruno Rigolt.







